Oncogériatrie

Garantir un traitement et une prise en charge adaptés à tous les patients,
âgés de 75 ans et plus et atteints de cancer, grâce à une approche multidisciplinaire.

Près de 2 cancers sur 3 surviennent chez des personnes âgées de 75 ans et plus

Depuis plusieurs années, les deux spécialités médicales que sont l’oncologie et la gériatrie se sont rapprochées et travaillent conjointement.

Reconnue comme un problème majeur de santé publique, l’INCa a placé l’oncogériatrie dans ses priorités d’action, selon 4 orientations stratégiques :

  • Améliorer le niveau de connaissance des professionnels de santé en leur proposant des formations adaptées
  • Disposer d’un nombre suffisant de professionnels médicaux et paramédicaux
  • Obtenir que tous les patients âgés de 75 ans et plus atteints de cancer bénéficient d’une évaluation gériatrique préalable à la prise de décision thérapeutique, vérifiée lors de la RCP (Réunion de Concertation Pluridisciplinaire) et permettant d’établir un PPS (Programme Personnalisé de Soins) adapté
  • Informer la population et les professionnels de santé des facteurs de risques de cancer chez les personnes âgées.

Epidémiologie des cancers des 65 ans et +

Projet ALLIAGE : AméLioration de La prise en charge Initiale de la personne Agée fraGile atteinte de cancEr

Aujourd’hui, 1 patient(e) sur 3 atteint(e)s de cancer a plus de 75 ans et 20% des personnes âgées disent attendre plus d’un an avant de consulter pour des symptômes évocateurs d’un cancer.

Ce retard est souvent lié à une méconnaissance des signes d’alerte du cancer et/ou à la peur des traitements. Pourtant, il est désormais possible de mieux adapter les traitements oncologiques à l’état de santé des patient(e)s âgé(e)s.

L’Oncogériatrie vise à garantir à tout(e) patient(e) âgé(e) atteint(e) de cancer une prise en charge adaptée à son état de santé grâce à une approche multidisciplinaire et multi professionnelle.

Son objectif est de fluidifier le parcours de santé des personnes âgées fragiles atteintes ou suspectées d’être atteinte de cancer par un accompagnement et une orientation facilitée.

ALLIAGE est porté par l’UCOG Lorraine en partenariat avec le Dispositif d’Appui à la Coordination – 54, la CPTS de la métropole nancéienne, le CHRU de Nancy et l’Institut de Cancérologie de Lorraine.

Le projet a démarré en octobre 2022.

Les Unités de Coordination en Oncogériatrie (UCOG)

Les missions des UCOG

Il existe 24 unités de coordination en oncogériatrie déployées sur le territoire français. Quatre antennes d’oncogériatrie (AOG) ont, par ailleurs, été créées, avec pour objectif la réduction des inégalités de santé.

Les quatre principales missions des UCOG :

  • Mieux adapter les traitements des patients âgés atteints de cancer par des décisions conjointes oncologues-gériatres
  • Promouvoir la prise en charge régionale de ces patients et la rendre accessible à tous
  • Contribuer au développement de la recherche en oncogériatrie, notamment en impulsant des collaborations interrégionales
  • Soutenir la formation et l’information en oncogériatrie.

Les UCOG du Grand Est

UCOG d’Alsace : Unité de Coordination Régionale en Oncogériatrie UCROG)

  • Coordonnateur oncologue : Pr Jean-Emmanuel KURTZ (Hôpitaux Universitaires de Strasbourg)
  • Coordonnateur gériatre : Dr Damien HEITZ (Hôpitaux Universitaires de Strasbourg)

UCOG de Champagne-Ardenne : www.ucog-ca.org

  • Coordonnateur oncologue : Dr Stéphane VIGNOT (Institut Jean Godinot)
  • Coordonnateur gériatre : Pr Rachid MAHMOUDI (Hôpital de la Maison-Blanche)

UCOG de Lorraine (ULCOG : unité lorraine de coordination oncogériatrique)

  • Coordonnateur oncologue : Pr Didier PEIFFERT (ICL Alexis Vautrin)
  • Coordonnateur gériatre : Pr Christine PERRET-GUILLAUME (Centre Hospitalier Régional Universitaire de Nancy)

Spécificité de la prise en charge

Le traitement du cancer chez une personne âgée n’est pas la simple application ou adaptation d’un traitement du cancer chez une personne adulte.

D’un côté, le vieillissement entraîne un déclin progressif de diverses fonctions (cardiaque, rénale, visuelle, auditive, mémorielle…), une prévalence élevée de comorbidités (hypertension artérielle, diabète, ostéoporose, dépression), une perte progressive d’autonomie…  

De l’autre, les traitements du cancer sont souvent lourds, agressifs, longs, avec un impact sur la santé mais aussi sur l’ensemble des aspects de la vie quotidienne.

Ainsi, chez la personne âgée, l’efficacité même d’un traitement peut être affectée tandis que les effets secondaires et les réactions de toxicité peuvent être accentués, et peuvent aggraver les fragilités sur le plan social, psychologique, cognitif.

Le traitement du cancer chez une personne âgée s’inscrit dans une prise en charge globale. Il doit intégrer une dimension psychosociale, cognitive, tenir compte de la fragilité, des comorbidités ou encore de la place de l’aidant.

Outils de dépistage de la fragilité oncogériatrique

Il convient d’évaluer l’état de santé de chaque patient âgé atteint de cancer dès sa prise en charge.

Le processus de vieillissement est très variable selon les individus et l’âge est un critère insuffisant pour évaluer l’état physiologique d’une personne. Sur le plan social par exemple, notamment en milieu rural, les personnes âgées sont plus souvent isolées et ont un niveau socioéconomique plus faible que la moyenne de la population.

L’évaluation gériatrique en cancérologie répond à la nécessité de prendre en compte les spécificités des personnes âgées pour adapter les traitements anticancéreux.

L’Évaluation Gériatrique Approfondie (EGA)

Une évaluation gériatrique approfondie (EGA) explore divers domaines. Elle est nécessaire pour proposer ensuite une prise en charge gériatrique appropriée, pluridisciplinaire. (Terret C, J Clin Oncol 2007).

L’effet direct et positif de l’EGA sur la qualité des traitements mais aussi, la qualité de vie des patients a été démontré à plusieurs reprises. (Extermann M Crit Rev Oncol Hematol 2004).
Selon l’INCa, dans une population de patients âgés atteints de cancer, l’EGA permet de détecter des anomalies dans 70 à 80 % des cas.

L’EGA intègre un interrogatoire détaillé sur les antécédents du patient, ses comorbidités, ses traitements, son mode de vie, son environnement social (type d’habitation et adaptations à son état de santé, aides familiales ou formelles, mesures de protection).

L’EGA s’appuie notamment sur les paramètres suivants :

  • état fonctionnel
  • comorbidités
  • état nutritionnel
  • état psychologique
  • syndrome gériatrique
  • statut socio-économique

L’évaluation gériatrique peut être complétée par un bilan plus complet en Hôpital de Jour (HDJ) avec l’intervention d’une assistante sociale, d’une diététicienne, d’une psychologue, d’un psychiatre ou d’un kinésithérapeute.

Cette investigation nécessite une durée d’évaluation de 60 à 90 minutes avec un oncogériatre. Elle est longue et ne peut être réalisée pour tous les patients âgés atteints de cancer. Aussi, un certain nombre d’outils de dépistage de la fragilité ont été développés.

Oncodage G8 : dépistage des fragilités oncogériatriques

Il existe de nombreux outils de dépistage de la fragilité oncogériatrique qui permettent d’orienter les patients à risque vers un oncogériatre pour une évaluation approfondie (EGA).

Même s’il n’existe pas de consensus pour un outil qui serait optimal dans tous les types de cancers, l’outil recommandé en cancérologie pour les personnes âgées présentant un cancer ou une hémopathie maligne est la grille Oncodage G8.

Si l’EGA prend en moyenne environ 1 heure, la grille Oncodage G8 , réalisée le plus souvent par une infirmière ou un attaché de recherche clinique, peut être complétée en moins de 10 minutes.
Elle permet au cancérologue d’identifier en routine les patients qui devraient bénéficier d’une évaluation gériatrique approfondie.

La grille Oncodage G8 permet d’apprécier l’état fonctionnel d’un patient, son autonomie dans la vie quotidienne, son état nutritionnel, thymique, et cognitif. Elle apprécie également la marche et l’équilibre du patient ou les antécédents de chute.

Globalement, la sensibilité d’Oncodage est de 76,5 % et sa spécificité de 64,4%. Coté de 0 à 17, un score inférieur ou égal à 14 est le reflet d’une vulnérabilité ou d’une fragilité gériatrique.

La traçabilité d’une évaluation gériatrique est primordiale. Le résultat doit figurer dans le compte-rendu de la réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP), et les propositions gériatriques intégrées doivent figurer dans le programme personnalisé de soins (PPS).

En savoir plus sur l’évaluation oncogériatrique

S’informer et se former

Le DSRC NEON vous propose de découvrir, en accès gratuit, deux films présentant les étapes d’une consultation en oncogériatrie, des informations sur la détection des éventuelles fragilités chez les personnes âgées atteintes de cancer, les symptômes d’alerte

Pour vous inscrire : Accès à la fiche catalogue (https://www.oncotice.org/enrol/index.php?id=43

L’UCOG Champagne-Ardenne propose un MOOC Oncogériatrie « Cancer chez les personnes âgées : mieux comprendre ses spécificités pour mieux prendre en soins » en collaboration avec l’UCOG Occitanie Méditerranée Pyrénées.
Pour vous inscrire à cette formation : https://mooc-oncogeriatrie.the-mooc-agency.com/

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